David Saint-Jacques raconte son expérience spatiale à C2 Montréal

En direct de la Station spatiale internationale, l’astronaute québécois a partagé son expérience avec des centaines de spectateurs. Génie-inc y était...


Dans l’espace depuis le 3 décembre dernier, David Saint-Jacques terminera sa mission d’une durée de 173 jours dans exactement un mois.

Lors d’une conférence sur l’intelligence artificielle au congrès C2 Montréal, l’astronaute, ingénieur physique, médecin et astrophysicien a répondu aux questions des spectateurs et des conférenciers Dave Williams et Shagun Maheshwari, durant une vingtaine de minutes.

 

Le corps humain dans l’espace

Interrogé sur sa vie dans l’espace, M. Saint-Jacques a parlé des nombreux défis physiques que cela représente.

« Vivre dans l’espace demande beaucoup de changements sur le corps. C’est difficile de s'adapter, surtout au niveau de l’équilibre et de la coordination. Il faut aussi apprendre à voler! », explique-t-il.

L’astronaute y est d’ailleurs allé de quelques pirouettes afin de montrer ses nouvelles habiletés à la foule.

« En apesanteur, notre corps a très peu d’efforts à faire; c'est comme s’il était en repos constant. Il faut donc faire deux heures d'exercice physique par jour pour rester en forme. De retour sur Terre, je veux pouvoir porter mes enfants sur mes épaules! », a-t-il ajouté.

Si les astronautes sont bien outillés et préparés pour s’adapter physiquement dans l’espace, il est plus difficile de s’y préparer mentalement. Loin de sa famille et du plancher des vaches, M. Saint-Jacques confie s’être inquiété au début pour sa santé psychologique.

« Psychologiquement, j’avais peur de la solitude. Mais en bout de ligne, on conserve beaucoup de contacts avec la Terre, et on a la chance d’observer la planète au complet! Ce n’est donc pas du tout une expérience claustrophobique ».

[caption id="attachment_86142" align="alignnone" width="720"] David Saint-Jacques observe la Terre à bord de la Station spatiale internationale.[/caption]

 

C’est d’ailleurs des études sur la santé humaine qui occupent le plus la mission de l’astronaute, faisant ressortir son expertise de médecin.

La station spatiale internationale, qui consiste essentiellement en un laboratoire volant, est l’hôte de nombreuses expériences sur le vieillissement du corps humain et de son inactivité.

« Les astronautes vieillissent plus vite dans l'espace; cela permet de tracer des comparaisons avec le corps des personnes âgées. L'inactivité est aussi plus forte à cause de l’apesanteur : on apprend donc comment le corps se dégrade lorsqu’il est trop au repos », explique-t-il.

 

Mars, le prochain objectif spatial

En terme d’exploration spatiale, le prochain grand objectif demeure celui du retour sur la Lune, qui n’a pas été foulée depuis 1972. Ultimement, les visites projetées sur notre satellite naturel viseraient en fait à en faire un tremplin vers la planète Mars. David Saint-Jacques s'est prononcé sur le sujet.

« C'est un grand rêve pour l’humanité de revenir sur la Lune et d'aller sur Mars. Personnellement je suis trop âgé pour avoir la chance d’y aller un jour, mais c’est pour un avenir rapproché : ceux qui le feront sont déjà nés! »

Les recherches de David Saint-Jacques, comme celles de plusieurs autres astronautes, serviront de près ou de loin cette grande mission. Mais la marche demeure haute : une bonne partie de la technologie nécessaire pour s’y rendre reste à être développée.

« La distance pose de nouveaux défis qui nous poussent à nous gratter le crâne et innover. Par exemple, il faudra songer à miniaturiser les technologies médicales. À cet effet, l’intelligence artificielle peut être d’une grande aide ».

L’astronaute voit la chose d’un œil optimiste. Pour lui, le programme spatial, qu’il qualifie de  « pont entre les nations », est le meilleur exemple qu’une collaboration internationale est possible, tant au plan scientifique qu’au plan humain.