Asseoir la place des femmes dans le génie québécois
Sophie Ginoux
8 mars 2022
Histoires à succès
4 minutes à lire
2 199
Cette semaine, place aux femmes sur Génie-inc ! Entretien avec Manuelle Croft, une ingénieure qui enchaîne les succès et encourage les carrières féminines dans son industrie.
Manuelle Croft a toujours su qu’elle deviendrait un jour ingénieure, et rien ne l’a fait dévier de son chemin. « J’étais une enfant curieuse, qui posait beaucoup de questions. Et comme une partie de ma famille évoluait déjà dans le génie, j’ai voulu moi aussi me lancer dans ce domaine. »
La jeune fille déterminée s’est donc inscrite, après un secondaire en sciences pures, en génie des systèmes électromécaniques à l’UQAR, une formation généraliste qui lui a permis de se spécialiser par la suite en génie du bâtiment et de développer une expertise parallèle en gestion de mise en service. C’est d’ailleurs avec ce double bagage qu’elle a intégré, il y a 10 ans, l’équipe d’EXP.
« J’ai toujours été fière, dit-elle, d’avoir choisi un domaine à prédominance masculine et d’y avoir taillé ma place. Je ne considère pas mon choix comme anodin. »
Bâtir sa carrière, de projet en projet
Manuelle Croft a démarré au support et à la coordination au sein de l’équipe de bâtiment durable d’EXP, un secteur en forte croissance et qui rejoint ses intérêts personnels pour l’environnement. Puis, pas à pas, elle est devenue responsable de l’ensemble du processus et de la gestion de mise en service pour des projets de grande envergure.
« Je suis particulièrement fière d’avoir été à la tête de la coordination de la certification LEED Or et de la gestion de mise en service de la prestigieuse Maison Manuvie, une tour de 24 étage au centre-ville de Montréal », raconte celle qui est peu à peu devenue la star d’EXP en matière de bâtiment durable.
La Maison Manuvie, à Montréal. Un projet auquel a contribué Manuelle Croft. Crédit photo EXP
Aujourd’hui, l’ingénieure travaille au sein d’un nouveau groupe dédié au développement durable qui encadre des projets liés au bâtiment, mais aussi aux infrastructures comme des routes, des pistes cyclables, des lignes de métro. « Notre rôle en tant qu’ingénieurs est important, car il faut absolument limiter les impacts environnementaux et même sociaux des interventions de toutes les parties impliquées dans un projet. Cela va de la préservation d’une espèce en voie de disparition dans un petit ruisseau qui croise une potentielle route, aux questions de pollution lumineuse quand on conçoit un éclairage. Nous pouvons toujours faire mieux, j’en suis convaincue. »
Promouvoir la réussite des femmes dans le génie
Toute prolifique soit-elle au sein d’EXP, une entreprise d’ingénierie qui travaille à attirer plus de femmes dans ses rangs, Manuelle Croft est consciente qu’il y a encore du chemin à faire pour que plus de fillettes et de jeunes filles s’orientent vers des carrières en génie.
« Nous disposons encore de peu de modèles féminins dans ce milieu majoritairement masculin. Voilà pourquoi je m’implique activement pour que les choses changent. »
Cette implication personnelle se traduit aussi bien dans la visite d’écoles primaires et secondaires pour expliquer son métier, que dans la création, avec d’autres membres féminines de sa cohorte à l’UQAR, de la nouvelle bourse « Femme en génie » accordée à toutes les étudiantes du programme.
« Ces initiatives, ainsi que d’autres du même genre, comme 30 en 30, vont permettre d’attirer plus de femmes dans ce milieu », explique l’ingénieure, qui reconnaît quand même que tout n’est pas gagné pour faire en sorte que les ingénieures demeurent en emploi.
Manuelle Croft en train de réaliser une présentation dans une école. Crédit photo EXP
« Y a-t-il des différences de traitement entre les hommes et les femmes dans le milieu du génie ? Oui, même si elles sont insidieuses et qu’il est parfois difficile, sans recul, de les reconnaître », admet-elle. Ces biais ne sont pas automatiquement, selon elle, le reflet d’une mauvaise volonté de la part des hommes de son milieu, mais plutôt celui d’un manque de sensibilité par rapport aux conditions particulières des femmes.
« Je me souviens à titre personnel qu’en fin 2005, nouvellement enceinte, j’ai été contactée pour un poste de gestionnaire de mise en service au sein d’une grande firme de génie, une opportunité très séduisante. Je me suis donc lancée dans le processus, en ne parlant de ma grossesse qu’une fois embauchée, car j’étais informée que je ne serais pas protégée par les normes du travail si l’offre était retirée pour cette raison avant ma première journée travaillée. Et plus tard, j’ai eu des échos d’un collègue qui pensait que j’aurais dû renoncer à l’opportunité parce que j’étais enceinte. »
Malgré tout, l’ingénieure est optimiste en ce qui a trait à l’avenir des femmes dans le génie québécois. « Si je me fie juste à mon équipe, j’ai une directrice et plusieurs collaboratrices. Donc, ça progresse, c’est encourageant. Mais il faut poursuivre dans cette voie ! », conclut-elle en souriant.
Crédit photo centrale : EXP
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